Pas de boissons
énergisantes avec l'alcool ou
l'exercice physique, dit
l'Anses.
Au total, l'Anses a recueilli 257 cas qu'elle a analysés en appliquant la méthode d'imputabilité spécifique à la nutrivigitance (avis de l'Anses du 11 mai 2011). Les scores d'imputabilitê sont déterminés sur la base des conclusions de deux médecins rapporteurs et des discussions collectives au sein du groupe de travail Nutrivigilance. Les qualificatifs associés aux scores employés dans la méthode d'imputabilité sont :
14 : très vraisemblable ; 13 : vraisemblable ; 12 : possible ; 11 : douteux ; 10 : exclus.
Sur l'ensemble de ces cas, 45 cas ont été écartés en raison d'imprécisions.
Que les boissons dites "énergisantes" ne sont pas anodines n'est, en soi, pas une réelle révélation. Mais encore fallait-il évaluer plus précisément les risques sanitaires d'une telle consommation et, partant, formuler des recommandations. C'est précisément ce que vient de faire l'Agence nationale (française) de la sécurité sanitaire (Anses), en publiant, mardi, un rapport d'évaluation. Ou plus exactement une mise en garde contre les modes de consommation à risques de ces boissons que l'Anses préfère qualifier d’"excitantes".
Pourquoi ce terme ? Parce que ces sodas enrichis en substances telles la taurine, la caféine, les vitamines... ont avant tout en commun leur teneur en caféine, dont on connaît l'effet excitant. Une cannette standard (250 ml) équivalant à deux cafés "expresse" (50 ml) ou à deux colas (330 ml) : une composition qui en fait des boissons dangereuses pour certaines personnes et en certaines circonstances. Au point de pouvoir générer des accidents cardiaques graves chez les consommateurs porteurs de prédispositions génétiques fréquentes (un individu sur 1 000) et souvent non diagnostiquées.
Parmi les effets non désirables liés à la consommation de ces produits, qui ont été observés chez les cas rapportés à l'Anses (voir infographie), on relève d'ailleurs principalement des symptômes cardiovasculaires : sensations d'oppression ou de douleurs thoraciques, tachycardie, hypertension, troubles du rythme allant jusqu'à l'arrêt cardiaque. Pour ce qui est des arrêts cardiaques signalés dans le dispositif de nutrivigilance et ceux rapportés dans la littérature, l'Anses considère qu'ils surviennent très vraisemblablement chez des sujets génétiquement prédisposés. Ces arrêts cardiaques résulteraient de la consommation de boissons dites énergisantes associée à certains facteurs de risque supplémentaires comme l'exercice physique ou une forte consommation d'alcool.
Les recommandations
Dès lors, l'Anses recommande d'éviter la consommation de ces boissons en association avec l'alcool, qui est susceptible de potentialiser les troubles cardiaques induits par la caféine chez les personnes prédisposées; celle-ci pouvant par ailleurs réduire la perception de l'intoxication alcoolique et ainsi favoriser des situations à risque. Il y a aussi lieu d'éviter la consommation de ces produits lors d'un exercice physique, au cours duquel il est nécessaire de préserver un équilibre hydroélectrolytique, perturbé par les effets diurétiques de ces boissons. Et si l'on recommande à tous de modérer la consommation de ces sodas, certains doivent être plus vigilants encore : femmes enceintes et allaitantes, enfants et adolescents, personnes sensibles à la caféine ou présentant certaines pathologies (troubles cardiovasculaires, psychiatriques et neurologiques, insuffisance rénale, maladies hépatiques sévères).
Par ailleurs, le Nouvel Observateur questionne le député français PS Gérard Bapt au sujet de la taxe "dissuasive" d'1 € par litre devant frapper les dites boissons énergisantes : |
Et il y avait urgence, par rapport à d’autres taxes comportementales, car la consommation de boissons énergisantes est très dynamique. Près de 10% des foyers français en achètent et les ventes ont progressé de 37% dans le hard discount en 2012. La consommation est devenue familiale et touche donc aussi les enfants. Avec un risque de dépendance, au même titre que la dépendance à l’alcool ou au tabac. Une étude sur une cohorte italienne, publiée dans le "Journal international de médecine", a pointé qu’un nombre croissant d’enfants consomme ces boissons, dont certains quotidiennement.
Une réflexion est engagée pour interdire la vente des boissons énergisantes aux mineurs, mais on sait que ces interdictions sont très facilement contournées. Aujourd’hui, un logo sur l’emballage déconseille leur consommation aux femmes enceintes, et un étiquetage sur les dangers de ces boissons sera obligatoire à partir de décembre 2014 au niveau européen.
Leur présence sur les événements sportifs est d’autant plus dommageable que ces boissons sont particulièrement déconseillées pour les sportifs qui font des efforts longs et intenses. Course à pied par exemple. Ils boivent du Red Bull en pensant se réhydrater alors que c’est un diurétique qui aggrave la déshydratation. C’est ce qui expliquerait la mort subite par crise cardiaque certains sportifs après un effort intense.